Artopia à la RACG (Rencontre des Artistes Contemporains dans le Grassland) avec l'association Art-Kéo
© Images : Vanina Kapé, Dim II Arnold et Yves Ndounda
Du 18 au 21 août 2025, pour la Rencontre des Artistes Contemporains dans le Grassland (RACG) 2025, la ville de Batié, dans l’Ouest du Cameroun, a vibré au rythme de la créativité et de la réflexion stratégique grâce à l’atelier « Cartographie de la Carrière » animé par Francine Abada et Yves Xavier Ndounda Ndongo, cofondateurs d’ARTOPIA. Organisé par l’association artistique et culturelle Artkeo, cet atelier a permis à de jeunes artistes et porteurs de projets culturels d’explorer une idée essentielle : l’artiste n’est pas seulement un créateur, il est aussi un entrepreneur capable de transformer sa vision esthétique en projet viable, structuré et durable. Durant quatre jours, l’atelier s’est déroulé ainsi :

Jour 1 : poser les fondations
La première journée a été animée par Yves Xavier Ndounda Ndongo, qui a insisté sur la nécessité pour un artiste de bâtir des bases solides, tant humaines que juridiques, administratives et comptables. À travers des discussions interactives, les participants ont découvert l’importance de la confiance et de la vision partagée dans la création d’un projet collectif. Ils ont appris à rédiger une charte fondatrice pour leur activité, à définir les rôles de leurs partenaires clés et à élaborer un organigramme clair. Des exemples pratiques ont renforcé leur capacité à communiquer une idée de manière concise et convaincante. L’après-midi a été consacré à la mise en place de procédures internes et à la réflexion sur la gouvernance d’une entreprise culturelle, inspirée de l’expérience d’ARTOPIA.
Jour 2 : penser son projet personnel
La deuxième journée, également animée par Yves Ndounda, s’est déroulée sous forme de séances Be to Be, où chaque participant a travaillé individuellement sur son projet. Il ne s’agissait plus seulement de théorie, mais d’une plongée dans la réalité des préoccupations artistiques et professionnelles de chacun. Les artistes ont appris à hiérarchiser leurs priorités, à mettre de l’ordre dans leurs idées et à construire une feuille de route claire. Ce moment a été particulièrement marquant, car il a donné à chacun les moyens de réfléchir en profondeur à sa trajectoire, en mettant en place une méthode de raisonnement stratégique capable d’orienter les choix futurs.
Jour 3 : se valoriser et gagner en légitimité
La troisième journée a été conduite par Francine Abada, qui a ouvert un espace d’introspection et d’affirmation. Elle a guidé les participants à travers quatre grandes questions : Pourquoi je crée ? Qu’est-ce que j’offre ? À qui s’adresse cette offre ? Comment je m’organise ? En clarifiant leurs motivations profondes, les jeunes artistes ont pris conscience que leur « pourquoi » constituait une véritable boussole pour leur carrière. Ils ont également identifié leurs compétences spécifiques et la valeur ajoutée de leur travail, tout en apprenant à choisir leur public et leurs clients avec discernement. Francine Abada a insisté sur l’importance de la légitimité : être professionnel, établir des contrats clairs et savoir fixer ses prix en tenant compte du temps, des matériaux, de la valeur symbolique et du marché. Il s’agissait aussi de donner aux résidents des outils et des clés pour répondre à des appels à candidatures. Loin d’être une simple leçon théorique, cette journée a permis aux participants de se projeter comme des acteurs crédibles, respectés et capables de s’affirmer dans le monde de l’art.
Jour 4 : relier art, mémoire et territoire
La dernière journée, animée par Yves Ndounda, a élargi le champ de réflexion en inscrivant la carrière artistique dans une perspective plus large. Les participants ont assisté à la projection-débat du film Tomorrow is Another d’Yvon Ngassam, consacré à l’artiste Salifou Lindou Fouanta. Cet échange a montré concrètement comment un parcours artistique peut être documenté et réfléchi. La journée s’est poursuivie par une rencontre avec un notable du village de Batié, qui a partagé des récits sur la mémoire et le patrimoine local, ouvrant des perspectives riches sur l’ancrage culturel des pratiques artistiques. Enfin, une randonnée vers le grand rocher de Batié a permis de clore l’atelier dans un moment convivial où la nature, la culture et l’imaginaire se sont rencontrés, renforçant l’idée que l’art est aussi une manière de se relier au territoire et à la communauté.
Au terme de ces quatre jours intenses, les jeunes artistes sont repartis avec des outils concrets : une charte, un organigramme, des procédures types, une feuille de route et une vision clarifiée de leur carrière. L’atelier a démontré que la créativité gagne en force lorsqu’elle s’appuie sur une structure entrepreneuriale solide. Grâce à l’expérience d’ARTOPIA, les participants ont compris que la réussite artistique repose sur l’équilibre entre inspiration et gestion, entre expression individuelle et stratégie collective.
Ainsi, « Cartographie de la Carrière » n’a pas seulement formé des artistes, il a façonné des entrepreneurs culturels conscients de leur rôle et de leur potentiel. À l’issue de cette magnifique expérience, ARTOPIA dit un grand merci à l’association artistique et culturelle Artkeo pour son invitation et son accueil bienveillant. Un merci spécial à :
-
Maître Kanté Jean-Jacques, le Président de l’association ;
-
Vanina Kapé, Directrice Artistique de cette édition ;
-
Manuela Jöelle Kouamen, la coordonnatrice ;
-
Et aux résidents pour leur écoute et leur engagement.

